7 encyclopédies généralistes gratuites en ligne

Il est bien loin le temps où dans la bibliothèque de chaque famille trônait fièrement la collection de l’Encyclopaedia Universalis. Avec internet, les encyclopédies ont inexorablement perdu leur statut monopolistique d’outil d’accession au savoir universel et ne peuvent pas lutter contre les atouts du web en termes de confort et d’instantanéité d’accès, de gratuité et d’actualisation.

Force est de constater d’ailleurs que Wikipédia les a pratiquement toutes tuées. Autant adulé par les écoliers pour qui cet outil constitue un moyen facile et rapide, à grands coups de copier/coller, de bricoler un exposé sans réelle réflexion ni évaluation critique du contenu et de ses sources, que récrié par les enseignants pour à peu près les mêmes raisons, il n’en reste pas moins que sa consultation est devenue un réflexe incontournable pour bon nombre d’entre nous.

Mais il en existe d’autres, tout aussi faciles d’accès et gratuites et parfois bien plus pertinentes!

Voici 7 encyclopédies généralistes en français, gratuites et accessibles en ligne.


1. Wikipedia

 

On peut en dire et en penser ce qu’on veut, hurler à l’imposture, s’offusquer de ce cette hégémonie quasi-totalitaire qui a tué des institutions éminemment plus fiables, savantes et estimables, ça ne changera rien: avec ses 38 millions d’articles publiés dans près de 300 langues, ses 447 millions de visiteurs mensuels et son classement au top du top dans le référencement de tous les moteurs de recherche, Wikipédia s’est imposée comme un réflexe automatique pour les recherches de toutes sortes, et pas seulement chez les plus jeunes ou les ignares. Et même le géant Google, dont l’initiative Knol, lancée en 2007 et abandonnée en 2012, avait pour ambition de concurrencer Wikipédia en l’attaquant sur ses principaux points faibles: l’anonymat et l’absence fréquente de légitimité de ses contributeurs, n’est pas parvenu à contrer cette domination.

N’en déplaise à ses détracteurs, pour peu qu’on l’utilise avec prudence, clairvoyance et esprit critique, elle constitue une formidable porte d’accès à une multitude d’informations et une merveilleuse démonstration de la puissance du collaboratif. Et tout cela, sans aucune publicité, puisqu’elle est (du moins jusqu’à ce jour) financée intégralement par des dons.

Pour vous aider dans l’utilisation « intelligente » de Wikipedia, je vous invite à consulter les guides disponibles sur le site de Wikimedia France (en particulier Wikipedia en classe et Utiliser Wikipedia avec vos étudiants) et cet article du site Coreight, qui donne plusieurs astuces et présente des fonctionnalités de Wikipedia tout aussi utiles que méconnues!


2. Larousse

Disparue dans sa version papier au début des années 2000, et peinant à vivre de la version digitale commercialisée sur CD ou DVD, Larousse a décidé en 2008 de proposer gratuitement le contenu intégral de son encyclopédie sur son site web de façon totalement libre et exempte de publicité. Et, lors de son lancement, d’ouvrir les publications, au-delà des articles rédigés par d’éminents experts et spécialistes, aux contributions du grand public, en particulier sur des thématiques habituellement délaissées par le monde encyclopédique.

On peut y consulter plus de 170 000 articles classifiés dans les catégories suivantes: Histoire & Politique, Philo, Lettres & Arts, Géographie, Sciences & Médecines et Nature & Ecologie, ce qui est certes encore bien loin des plus de 650 000 articles que l’on peut consulter sous Wikipedia France mais constitue tout de même une base de connaissances significative. Et via une interface web nettement plus esthétique et ergonomique que celle de Wikipedia, offrant des liens vers des images et les dictionnaires en ligne Larousse.

En revanche, Larousse n’est pas parvenu à attirer une population significative de contributeurs, tant et si bien que le volet contributif qui était proposé à sa mise en ligne a désormais disparu. Par ailleurs, les articles présentent l’inconvénient de n’intégrer pratiquement aucun lien renvoyant vers d’autres sources d’informations en ligne pour approfondir ses recherches sur le thème traité.


3. Imago Mundi

 

Imago Mundi est un site personnel, créé, alimenté et mis en ligne par le journaliste scientifique Serge Jodra, se voulant comme une encyclopédie en ligne offrant « une introduction méthodique aux différentes connaissances sur le monde. Le monde ou les mondes, si l’on considère comme un tout chacun des différents niveaux d’organisation du monde. »

Les articles sont organisés autour de 3 thèmes: le monde de la matière (les astres, la Terre,…), le monde du vivant (la biosphère, la diversité du vivant, les organismes…) et le monde des humains (sociétés et cultures, Histoire, philosophie, arts et lettres…). Leur contenu est basé sur celui de dictionnaires et encyclopédies anciens, révisé et actualisé (les sources étant explicitées sur cette page). L’ambition à terme est de remplacer progressivement le contenu par des textes inédits. Compte tenu de l’immensité de la tâche, le site est en chantier permanent, mais donne déjà accès à quelques 30 000 articles.

L’encyclopédie en tant que telle est complétée par une catégorie « Inventaires » qui répertorie des liens à différents dictionnaires et cartes dont la consultation peut venir compléter le contenu de l’encyclopédie et une bibliothèque numérique.

Même s’il s’agit là d’une source alternative d’informations intéressante, on peut regretter l’interface très basique et quelque peu vieillotte et la rareté de liens hypertextes à d’autres sources numériques récentes. Par ailleurs, le contenu n’est pas libre de droits et son auteur en interdit donc toute reproduction sans autorisation préalable.


4. Agora

 

Voilà une encyclopédie d’une originalité que vous croiserez rarement sur le net. Se plaçant en opposition ouverte au « savoir éclaté » qui règne sur Wikipédia, l’encyclopédie canadienne de l’Agora veut en prendre le revers et se placer dans une démarche diamétralement opposée.

Elle veut se concentrer sur l’essentiel et offrir aux lecteurs des générations présentes et futures « une oasis de sens« , en recherche de cohérence et de synthèse, sur des thématiques centrées autour du voeu d’un « monde durable« , en se donnant pour devise: « vers le virtuel par le réel« . Bref, ici, les considérations philosophiques et existentielles, la place de l’humain par rapport à celle de la technologie sont clairement au centre des préoccupations et le site se veut un « site lent« , « créant un climat tel que les internautes éprouvent le besoin de s’arrêter devant les documents proposés, plutôt que de s’abandonner à ce qui semble être la règle sur Internet: passer le plus rapidement possible d’un document à un autre. »

Les articles sont articulés autour de 3 catégories: géographique, biographique, thématique. Autant vous prévenir, tout cela est assez « perché » et si vous voulez juste du factuel, mieux vaut passer votre chemin, car il faut plutôt s’accrocher pour tenter de saisir le sens des articles… Et si par miracle ce devait être le cas, vous n’adhérerez pas forcément aux positions volontairement tranchées des auteurs…


5. WikiMini

 

Lancé courant 2008 par un groupe d’enseignants belges et suisses, Wikimini est une version pour enfants de Wikipédia, à destination des 8 – 13 ans. A l’instar de sa grande soeur, il s’agit d’une encyclopédie libre et gratuite, basée sur la technologie wiki et donnant la possibilité aux juniors de compléter ou améliorer les contenus mis en ligne. Les adultes, quant à eux, sont invités à s’impliquer également dans le projet au moyen de relectures et corrections.

Clairement, l’ambition de ce projet sans but lucratif est, bien plus que de concurrencer les contenus de Wikipedia ou des autres encyclopédies en ligne, d’offrir un outil pédagogique aux plus jeunes pour devenir acteur d’un projet encyclopédique dans un effort de recherche, d’évaluation, de sélection, de synthèse de l’information et de rédaction d’un contenu clair, détaillé, structuré et documenté.

A ce jour, plus de 15 000 articles ont été mis en ligne. Encore une fois, ce n’est pas tant la consultation des articles qui est intéressante (car la plupart des contenus sont tout de même plus que légers et l’orthographe, souvent hasardeuse) que la démarche offerte aux enfants de se transformer en rédacteur sur un sujet de leur choix.


6. Vikidia

 

Très similaire à Wikimini dans son concept, son interface et sa filiation avec Wikipedia en ce qui concerne le principe d’une encyclopédie libre, contributive et basée sur le wiki, Vikidia est une encyclopédie junior en français pour des jeunes lecteurs âgés de 8 à 13 ans, qui a été fondée en 2006. A l’origine, ses fondateurs avaient pour projet de réaliser une extraction de Wikipedia pour en faire une version junior, mais se sont finalement réorientés vers la création d’une nouvelle encyclopédie, indépendante de la fondation Wikimédia.

La différence avec Wikimini est qu’ici, l’ambition est bien d’offrir à de jeunes lecteurs des articles présentant une thématique de façon simple et accessible aux juniors, et pas seulement d’offrir un espace de rédaction aux enfants. Ainsi, les contributions ne sont pas seulement ouvertes aux petits, mais également aux adultes. Il en résulte que le contenu des articles est tout de même nettement plus complet que sur Wikimini.

Si un enfant, après avoir fait une recherche sur le site, n’a pas trouvé ce qu’il cherchait, il peut poser une question au Savant Cogitus.


7. Bonus: La dÉsencyclopédie

 

Née en 2007, la dÉsencyclopédie est une version parodique et satirique de Wikipédia. Elle compile à ce jour près de 8500 articles, issus de l’imagination délirante de singes savamment stupides ou stupidement savants (les deux espèces étant admises dans la communauté des auteurs).

« Le contenu de la dÉsencyclopédie, le site lui-même et les administrateurs du site sont une immense parodie sans queue ni tête à la sexualité douteuse et à l’hygiène approximative. Si vous prenez au sérieux un traître mot de ce qui est écrit, vous êtes encore plus con que vous en avez l’air. »

Voilà, vous êtes prévenus. Alors, bien sûr, comme le principe est le même que sur Wikipedia et repose sur la contribution de nombreux auteurs anonymes plus ou moins doués, le niveau et le style d’humour sont très variables d’un article à l’autre, allant du pur graveleux au très subtil en passant par tous les degrés du WTF.

Difficile de ne pas trouver quelque chose à son goût et les gentils fondateurs du site vous guident vers les meilleurs articles en proposant une catégorie « Best Of ». Et incitent les internautes à dénoncer à Big Brother les articles les plus « pourris » ou encore à apporter leur contribution pour les améliorer.


Et vous, quelle est votre encyclopédie en ligne préférée?

Dube Melanie